Mignonne, allons voir si l’hypnose

La derniĂšre fois, Elle m’a demandĂ© « Mais vous arrivez Ă  reprendre du plaisir Ă  faire les choses? »

Elle, c’est ma « psy ». Ma psy. PSY. Puis-je dorĂ©navant assumer que je suis une vraie parisienne depuis que j’ai une personne Ă  qui Ă©taler toutes les casseroles que je me traine depuis le 13 novembre 2015 ?
Enfin casseroles…je suis gentille. Moi je trouve que ça ressemble plutĂŽt Ă  une cocotte minute de cantine d’entreprise de + de 1500 salariĂ©s.

Parce que depuis bientĂŽt un an, la rĂ©ponse Ă  sa question, c’est « Ben…. non ». Je ne sors plus, tout me gonfle, je bosse le minimum syndical parce qu’il faut bien payer le loyer (le RSI aussi), je ne blogue quasiment plus, je n’ai pas mis ne serait-ce que le petit orteil dans une salle de concert, j’annule les RDV Ă  l’autre bout de Paris, je ne vais plus boire de verres en terrasse, et je sursaute si une plume tombe par terre.

Ca fait donc 1 semaine que j’ai eu ce premier RDV avec Elle. Celui que j’ai mis 11 mois Ă  prendre. « Mais ça passera ! ». Et ben non ma biche. Ca a empirĂ©, et tu le sais.

Et depuis mercredi dernier, bizarrement, j’ai pris le mĂ©tro (1 fois), mais machinalement. Sans mĂȘme rĂ©flĂ©chir. Comme avant. (car je dois vous avouer que si Uber avait lancĂ© son programme de fidĂ©litĂ©, je serais « platinium » Ă  l’heure qu’il est). Je suis allĂ©e au thĂ©Ăątre aussi.  J’ai limite envie d’aller au cinĂ©. Et prendre l’avion dans 10 jours ne me fait (presque) pas flipper.
Alors mĂȘme si quand je me couche, je me tape des crises d’angoisse comme jamais, et que je mets Ă  pleurer dĂšs qu’ils en parlent Ă  la tĂ©lĂ©, je pense qu’Elle a prĂ©parĂ© le terrain pour la sĂ©ance d’hypnose qu’elle va me faire demain… Et j’ai peur. Vous pouvez pas savoir comme j’ai peur.

« On va devoir y retourner, ça va pas ĂȘtre une partie de plaisir vous savez ? »

Si je vous en parle aujourd’hui, entre une whislist  dĂ©co et des boots Ă  paillettes, c’est parce qu’Ă  la base, il y a 10 ans, on se permettait de parler un peu + de soi.
Mais surtout parce que ces mots me permettent, je crois, d’exorciser un peu la chose, pour au final, aller un peu mieux. Et ça, j’aurais dĂ» le faire depuis des mois.

(Et merci Ă  K. qui se reconnaĂźtra)

 

27 Comments

  • J’ai envie de te prendre dans mes bras, je ne connais que trop bien les effets d’un trauma. Et j’ai aussi envie de te dire que ça fini par passer, tous les Ă©vitements, les sursauts, les cauchemars, l’anesthĂ©sie des sentiments. Mais ça passe rarement tout seul sans psy, alors avec lui c’est pas toujours Ă©vident, parfois ça remue, mais c’est une bĂ©quille indispensable avant de remarcher et de sautiller comme un cabri.
    Pleins de pensées pour toi <3

  • il fait du bien ce billet… parce que je ne suis pas Parisienne, je ne suis pas allĂ©e voir un psy mais je peux t’assurer que je fais un gros travail depuis le 13 novembre 20015… et puis Nice quoi… et ma peur de tout ou presque ! bon courage

    • Merci :*
      De toutes façons, chacun gĂšre la chose comme il peut… Je suis incapable de savoir comment j’aurais rĂ©agi si je n’avais pas Ă©tĂ© lĂ  oĂč j’Ă©tais l’an dernier. Et ça importe peu finalement je pense….

  • Je sors de mon sous-marinage pour te dire que ce billet m’Ă©meut Ă©normĂ©ment, presque autant que celui que tu avais fait aprĂšs ce fameux jour de novembre. Evidemment que cela ne passe pas. Des centaines, milliers de parisiens, de niçois, et d’autres encore, n’ont pas fini d’en souper de crises d’angoisse et d’Ă©vitements divers, et toi tu Ă©tais dedans Ă  un cheveu….. bon courage pour la suite, l’inĂ©vitable suite, qui mĂšnera Ă  la guĂ©rison. Bises
    PS: pour ma part, cela se termine en un Ă©vitement ultime, aprĂšs les heures de mĂ©tro passĂ©es l’angoisse au ventre, mais pas que pour ça…. je quitte Paris :)

  • Ce soir-lĂ , j’ai remerciĂ© « je ne sais pas qui » car mon amie de la rue des Vinaigriers Ă©tait lĂ , avec moi, Ă  Barcelone pour le w-k, a des centaines de kilomĂštres.

    Mais j’ai aussi tout de suite pensĂ© Ă  toi, car j’Ă©tais venue te livrer des cupcakes junkfood une fois (et tu avais fait un super article d’ailleurs). Et lĂ  c’Ă©tait vraiment Ă©trange, car on ne se connait pas Ă  proprement parlĂ©, mais j’ai tout de suite pensĂ© Ă  toi. Et j’ai Ă©tĂ© soulagĂ©e de savoir que « tout allait bien » pour toi.

    La thĂ©rapie et l’hypnose peuvent guĂ©rir beaucoup de choses. Je te le souhaite de tout cƓur.

  • Cela fait bien longtemps que je n’ai pas commentĂ© ici, et je sais bien qu’un petit hug virtuel fera pas avancer grand chose, mais quand mĂȘme, hug virtuel.
    Je te souhaite de tout cƓur de surmonter tout ça <3

  • Comme Cyrielle, j’ai moi aussi envie de te serrer fort dans mes bras… Comme toi, j’ai ressenti cette envie de fuir, de dĂ©mĂ©nager trĂšs loin… cette peur panique pendant des mois au point de ne plus penser qu’Ă  ça, je ne voulais mĂȘme plus que mon fils aille Ă  l’Ă©cole :/ Ce qui m’a aidĂ©e, c’est Ă©videmment d’en parler (mĂȘme si c’est dĂ©sagrĂ©able) pour faire ressortir les choses et les surmonter. J’ai retrouvĂ©, je pense, un peu de lĂ©gĂšretĂ© mĂȘme si c’est encore fragile : je me suis mis Ă  sortir un peu et mĂȘme Ă  retourner au cinĂ©ma il y a quelques jours. Mais je croise vraiment les doigts pour que nous n’ayons plus Ă  revivre cela car cette fois, je ne sais pas si j’arriverai Ă  m’en remettre ! Courage Audrey, tu tiens le bon bout, je suis sĂ»re que ELLE saura trouver les mots pour te rĂ©conforter et te ramener sur le chemin du bonheur et de l’insouciance, ou presque <3

  • Bonjour Audrey,
    il me semble ne jamais avoir publiĂ© de commentaire sur ton blog…pourtant je te lis rĂ©guliĂšrement depuis un certain temps dĂ©jĂ …mais ton article ne m’a pas laissĂ© insensible, au contraire… Pourtant, je n’habite plus sur Paris depuis bientĂŽt 3 ans, je travaillais Ă  l’HĂŽpital St Louis 6 mois avant les attentats, je suis psychologue clinicienne et ma cantine Ă©tait le petit Cambodge… j’Ă©tais tout le temps dans ce quartier, dans ces rues oĂč on eu lieu les attentats, et mĂȘme Ă  600 km de lĂ , j’en ai eu l’estomac nouĂ©, la gorge serrĂ©e, et les larmes ont coulĂ©…J’ai eu terriblement peur…terriblement peur pour ma fille qui n’avais que 1 mois et je me demandais dans quel monde de fou j’allais la voir grandir…ton billet me touche, les effets du trauma sont grands et parfois, le temps n’y fait pas grand chose, les souvenirs sont toujours aussi saisissants…je prĂȘche pour ma paroisse, mais je suis convaincue que seule la mise en mot du trauma, la reviviscence des scĂšnes avec un psy pourra permettre d’attĂ©nuer cette douleur…
    Bon courage dans cette voie et bonne continuation…

  • Difficile d’imaginer la tempĂȘte cachĂ©e derriĂšre tous ces posts d’apparence plutĂŽt gais.

    Le 11Ăšme est un de mes anciens quartiers et Nice est la ville de mon enfance.
    Il m’est difficile d’imaginer ce que j’aurais ressenti si j’y avais toujours habitĂ© au moment des attentats et combien de temps il m’aurait fallu pour reprendre le dessus.
    J’ai quittĂ© Nice pour Paris il y a 15 ans, et Paris pour la banlieue (que j’avais toujours appelĂ©e la province…) Ă  la naissance de ma fille il y a 2 ans…

    AprĂšs les attentats, mon cerveau est passĂ© en mode « qui vive » et j’ai rĂ©flĂ©chi Ă  tout ce qui pouvait m’arriver et comment je rĂ©agirais et quelle attitude adopter. Et surtout Ă  l’avenir de ma fille (grandir dans la peur ? le possible recul un jour de ses libertĂ©s en tant que femme ? etc etc)
    J’ai eu ce rĂ©flexe assez minable de me dire que dans ma banlieue et mon transilien ma fille (et nous) est en sĂ©curitĂ©, ce qui m’a probablement permis de relĂącher la pression et de continuer Ă  vivre normalement.

    MalgrĂ© tout, je ne peux aller Ă  un concert sans me gĂącher la soirĂ©e Ă  rĂ©flĂ©chir au plan d’Ă©vacuation et Ă  quelle attitude adopter en cas d’attentat. Pendant des mois, je me prĂ©parais psychologiquement Ă  venir Ă  Paris et prendre le mĂ©tro (sensation que j’avais dĂ©jĂ  connue au lendemain du 11 septembre). Et dĂ©jĂ  bien avant les attentats, j’avais peur de l’avion (consĂ©quences aussi du 11 septembre)

    Mais je crois que finalement, avec Nice, trop d’horreur m’a anesthĂ©siĂ©e et rendue fataliste.
    (mais est-ce bien normal, docteur ?)

    Je te souhaite de réussir à avancer grùce à cette démarche forcément difficile mais tellement courageuse.

  • Je ne connais pas ton histoire, je tombe sur ton article au hasard d’une bonne pioche hellocoton. Je ne sais pas ce qu’il t’es arrivĂ©e mais je pense avoir une vague idĂ©e.
    Bref, pour moi le sujet c’est l’hypnose. Je suis ravie de voir que cette mĂ©thode est un peu plus rĂ©pandue maintenant et qu’on ne nous regarde pas de travers lorsqu’on en parle.
    J’en ai fait en dĂ©but d’annĂ©e pour des crises d’angoisses Ă  rĂ©pĂ©tition (depuis l’enfance, mais particuliĂšrement la en ce dĂ©but d’annĂ©e) et ça a bien fonctionnĂ© pour moi. J’ai Ă©tĂ© aussi ravie que surprise du rĂ©sultat. J’espĂšre vraiment que cette mĂ©thode va te convenir, mais surtout, si ça ne te convient pas, ne te braque pas, il y a un milliard d’autres thĂ©rapies qui fonctionneront pour toi. Je te souhaite plein de courage !

  • Comment veux tu qu’on ne soit pas touchĂ© de te lire alors que notre monde Ă  tous a changĂ© ce jour lĂ  ?Chacun a fait avec, comme il a pu. Je sais qu’il a changĂ© le regard que je pose sur mes enfants. Il y a plus de peur dedans. J’aime quand tu blogues façon vintage tu sais ! (CĂąlin)

  • Moi aussi je sors du sous marin, pour un petit hug (aller, un gros, soyons fous !).

    Et de savoir que tu nous caches cette souffrance sous les paillettes, et les bonheurs de ta vie, ça m’a fait de la peine.

    Elle est pas facile notre Ă©poque, et vivre dans ces quartiers touchĂ©s par la haine, c’est un peu dur… (je suis pas si loin moi non plus, et j’ai du mal Ă  attendre plusieurs sirĂšnes de flics ou d’ambulance sans m’inquiĂ©ter pour un nouveau drame).

    Alors, bravo ! Bravo de ce premier pas chez Mme, de prendre le taureau par les cornes, et d’aller de l’avant !
    Et merci de nous avoir prĂ©servĂ© de tes soucis, mais tu n’y es pas obligĂ©e, quelque part, un blog, c’est donnant donnant, on devrait aussi pouvoir ĂȘtre lĂ  pour toi quand tu vas moins bien ;-)

  • Je n’ai pas rĂ©pondu Ă  ton tweet/mĂ©tro car j’ai Ă©tĂ© interrompue, mais en le voyant j’ai vraiment eu envie de te prendre dans mes bras et de te fĂ©liciter et t’encourager bien fort je t’assure ! Ça m’a fait tellement plaisir !
    Je m’y « connais » un peu aussi en SPT, bien que pour d’autres raisons, et parfois c’est vrai on est obligĂ© de toucher le fond pour remonter ou juste s’approcher du gouffre pour reprendre pied dans la vie. Parfois on s’en approche trop sans le vouloir, coucou les flashbacks, et ça fait juste ch***. Dans les moments un peu down, ce connard de SPT revient, mais je n’en finis pas de croire en la force de l’ĂȘtre humain, la rĂ©silience tout ça, respirer chaque matin (parce que bon la nuit c’est encore une autre histoire) est tout bonnement incroyable pour certains d’entre nous et ce n’est pas pour autant ĂȘtre un bon petit soldat que de continuer Ă  vivre, c’est notre humanitĂ© qui nous pousse.
    Je t’embrasse fort.

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